Erdogan et Sonko : une reconnaissance qui inscrit le Sénégal dans une nouvelle latitude
Lorsque Sonko arrive à Ankara début août 2025, ce n’est pas seulement un chef de gouvernement en tournée qui fait son entrée. C’est une nation qui trouve son reflet, une ambition nationale qui s’affirme, un regard historique qui se redresse. Plus qu’un déplacement, cette visite devient une scène où la trajectoire du Sénégal incarnée par Sonko est reconnue, saluée, inscrite dans les grandes plaques de la diplomatie globale.
Le protocole, le choix de la destination, les signatures d’accords avec Ankara, tout participe de cette reconnaissance : la Turquie ne reçoit pas un simple interlocuteur de plus, mais un partenaire porteur de vision. Et le Sénégal, par Sonko, se tient debout, avec une dignité nouvelle.
Un accueil d’État à l’échelle d’un symbole
Dans l’accueil réservé à Sonko, on lit la marque d’une stature renouvelée : cérémonies d’honneur, tête-à-tête avec le président Recep Tayyip Erdoğan, signature d’une série d’engagements stratégiques. Chaque geste protocolaire confère à Sonko un statut singulier : celui d’un leader non plus marginalisé, mais reconnu.
L’accueil, dans ses codes et ses gestes, a la valeur d’un langage : il consacre une reconnaissance. Les drapeaux, les hymnes, les entretiens fermés sont les instruments silencieux d’un discours diplomatique plus fort que les mots. Ce jour-là, le Sénégal s’est vu replacé sur la carte du monde comme un acteur qui compte, non par la taille de son économie, mais par la clarté de sa vision et la solidité de son positionnement.
Le protocole turc, qui distingue soigneusement les visites de courtoisie des visites de substance, a réservé à Sonko les attributs des grandes négociations d’État. Ankara a vu en lui l’incarnation d’une Afrique nouvelle : debout, consciente, exigeante, et capable d’engager des partenariats équilibrés. Le geste est rare et fort. Le protocole n’est plus une simple formalité ; il devient une géographie de la considération.
Des engagements lourds de sens
Les accords signés à Ankara ne sont pas des documents figés ; ils sont les premières pierres d’un basculement stratégique. Ils couvrent l’industrie, la défense, les infrastructures et les médias, des secteurs qui structurent, ordonnent, façonnent la souveraineté d’un État.
Ce n’est pas seulement la coopération qu’ils scellent, mais une philosophie : celle d’un État qui veut produire, transformer et exporter selon ses propres priorités. Le Sénégal n’est plus une zone d’exécution, mais une aire de conception.
La défense y est abordée non comme une dépendance sécuritaire, mais comme un espace de codéveloppement technologique. Les infrastructures deviennent le lieu d’une projection territoriale : routes, ports, zones industrielles, corridors logistiques, autant de lignes qui redessinent la carte de la croissance nationale.
Les médias et la communication, quant à eux, portent la dimension immatérielle de la souveraineté : la capacité de dire le monde, de raconter le pays, d’imposer ses propres récits.
L’enseignement supérieur parachève cette cohérence : il s’agit désormais d’adosser la diplomatie à la connaissance, de former la relève à l’échelle du continent. C’est là le vrai fil rouge de Sonko : la transformation de la diplomatie en instrument de construction nationale.
Le redressement d’une image, la montée d’une latitude
Ce voyage fut aussi un tournant dans l’imaginaire politique du pays. Le Sénégal, longtemps perçu comme un partenaire sage mais périphérique, a désormais un visage : celui d’un État qui assume son identité sans arrogance et son ouverture sans soumission.
En Turquie, Sonko n’a pas seulement dialogué avec un allié ; il a incarné un projet continental, une Afrique qui choisit et qui pèse.
Dans les cartes mentales du monde, les latitudes politiques ne sont pas données : elles se conquièrent. Et la Turquie, en traitant Sonko comme un pair, a validé cette ascension symbolique.
L’image du Sénégal, jusque-là confinée aux narrations diplomatiques d’alignement, s’est muée en celle d’un pays capable de définir ses propres coordonnées dans le système international. C’est cette reconquête tranquille de l’estime et de la place qui donne à ce voyage sa profondeur historique.
Une promesse au-delà des mots
Ce que la diplomatie d’État dit, ce que la diplomatie du geste amplifie, c’est la promesse d’un pays qui s’est réapproprié sa souveraineté. Ce qui s’est joué à Ankara n’est pas seulement un échange entre deux gouvernements, mais un dialogue entre deux trajectoires : celle d’un État africain qui veut se construire sur ses propres ressources, et celle d’une puissance émergente qui respecte cette volonté.
Dans ce face-à-face, Sonko a confirmé que le leadership n’est pas un mot de tribune, mais une discipline du regard. Il a fait entendre que le Sénégal pouvait se penser à l’échelle du monde sans se perdre, et s’ouvrir sans se dissoudre.
Cette visite dépasse la logique des bilatérales : elle réinscrit le Sénégal dans le champ des puissances à ambition structurée. Elle montre que la souveraineté n’est pas un repli, mais une expansion du possible.
La grandeur d’un dirigeant ne se mesure pas aux kilomètres parcourus, mais à la trace qu’il laisse sur la carte mentale de son peuple. Sonko, en Turquie, a dessiné une ligne : celle d’un pays debout, conscient de sa trajectoire, assumant la verticalité de son destin.

