FLASHNEWS:

Sonko en Turquie : le Sénégal se hisse sur une nouvelle latitude

Le déplacement officiel du Premier ministre Ousmane Sonko en Turquie, du 6 au 10 août 2025, ouvre pour le Sénégal une nouvelle orientation diplomatique à la fois stratégique et symbolique. En réponse à l’invitation de Recep Tayyip Erdoğan, ce voyage ne s’est pas borné à des visites de courtoisie : il trace une trajectoire de souveraineté, de coproduction économique, et d’industrialisation. Ce moment marque la bascule d’un pays qui reconquiert ses marges d’action.

Une cérémonie d’entrée dans un autre registre

À Ankara, Sonko a été reçu dans le cadre de cérémonies d’État, accueilli au Palais présidentiel, et entouré d’une délégation de haut niveau. Cette scénographie diplomatique souligne que le Sénégal n’est plus simple acteur périphérique : il se présente désormais comme partenaire. Le choix de la Turquie, nation en pleine montée industrielle et diplomatique, répercute un message clair : le Sénégal choisit ses alliances, à hauteur de son ambition.

Quatre accords, quatre signaux

Lors de cette visite, quatre accords ont été signés dans les domaines de la défense, des médias, de l’enseignement supérieur et de la coopération économique.

Dans le domaine militaire, il est désormais question d’industrialisation de la défense, de transfert de compétences pour le Sénégal. Pour ce qui est des médias et l’audiovisuel, le Sénégal s’engage à produire, co‑réaliser, diffuser avec ses partenaires turcs. Dans l’enseignement supérieur, un protocole 2025‑2028 donne aux universitaires sénégalais un accès élargi à des réseaux turcs de recherche et d’innovation. Enfin, sur le plan économique, l’objectif conjoint de porter le commerce bilatéral vers 1 milliard de dollars concrétise une ambition industrielle, non plus d’assistance. Ces engagements structurent une nouvelle carte de coopération, rompant avec une logique d’assujettissement.

Les enjeux mis en relief

Premier enjeu : la diversification des partenariats internationaux. En choisissant Ankara plutôt que l’épure traditionnelle occidentale, Sonko repositionne le Sénégal sur une latitude élargie, multipolaire.
Deuxième enjeu : l’industrialisation locale. Les projets évoqués – usine textile, industrie cimentière, infrastructure énergétique – font passer le pays d’un statut de zone de ressources à celui de plateforme productive.
Troisième enjeu : l’ancrage territorial. Ces partenariats ne sont pas seulement nationaux : ils dessinent des zones d’innovation, des pôles de croissance au‑delà de Dakar, et redistribuent les flux d’investissement vers les territoires périphériques.

Les défis de la mise en œuvre

Le discours a gagné en altitude, mais le sol reste escarpé. Le plan turc exige une administration performante, des capacités de contrôle rigoureuses, et une transparence réelle. Le Sénégal devra transformer ces accords en chaîne de montage, en emplois formels, en transferts de technologie. L’État profond, les inerties bureaucratiques, les logiques de rente feront bientôt test. L’enjeu est de rendre tangible ce que la signature promet.

Une nouvelle dimension pour l’image de Sonko

Avec ce voyage, Sonko ne reste plus seulement l’homme de la rupture intérieure. Il devient celui de la recomposition extérieure. Le géographe en lui voit se tracer de nouvelles latitudes pour le Sénégal, un pays aux contours définis, aux frontières de souveraineté assumée, aux lignes de développement redessinées. En réalité, ce n’est plus seulement une promesse politique : c’est une cartographie de l’avenir.

Pour les générations à venir, cette visite incarne un moment fondateur : entendre que « réussir son pays » ne se limite pas à une élection, mais à une vision remodelée, à un territoire réapproprié, à un peuple acteur de son destin.

Post A Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Leave a Reply